15/02/2022
Coup de badangaï (21/22): les criminels par procurations et les intellectuels venimeux.
Ils ont le venin de la haine en eux mais font semblant d’être des hommes érudits et font comme ils ont des compétences de patriotes.
Ils chuchotent dans les oreilles de leurs enfants et y distillent la haine, les préjugés et les rengaines et déconvenues du passé pour ainsi entretenir la flamme de la vengeance.
Ils sont âgés ou d’âge de la maturité mais ils sont immatures car prisonniers de la haine, des rancunes et des rancœurs.
Ils sont nombreux, ils sont universitaires, ils sont journalistes, ils sont chefs des partis, ils sont des directeurs, ils sont des ministres, ils sont des entrepreneurs, ils sont des retraités, ils sont des femmes et des hommes qui ruminent la haine et mâchonnement perpétuel de leur animosité souvent gratuite.
Ils, ce sont les intellectuels venimeux, ces suppôts de la division, ces faux rassembleurs, ces traîtres qui se trahissent par leurs comportements et discours en désaccord avec la paix, la véritable.
Exemple: un voisin, septegenaire, un enseignant retraité aujourd’hui, notre voisin de longue date, depuis plus de 25 ans, soit un quart de siècle, avait des enfants avec lesquels j’avais joué au foot et un certain fils avait été à la Fac avec moi. Le vieil homme grisonnant et moi dévissions de tout et de rien dans sa propre cour. J’aimais causer avec lui en dépit parfois de sa réticence gratuite et inexpliquée. J’aimais bien le faire sortir de son cocon sinon de son sarcophage qui le rendait peu loquace, derrière son sourire espiègle et narquois. Je ressentais qu’il souffrait d’une certaine malveillance intérieure et d’un blocage sans norme et sans appréhension.
Je restai taquin à son égard mais aussi à l’égard de sa mère, une vieille de plus de 90 ans qui vivait sous le toit du fils. Celle-ci m’appelait «nessibi » (beau-fils) mais elle m’avait juré qu’elle ne donnerait jamais une fille de sa descendance à un gorane et par ce principe selon elle que les goranes lui paraissaient violent et dépositaires des «machakils » (conflits). J’adorai bien cette vieille sincère qui m’apprenait quelques rudiments de son patois. Elle se distrayait ou tuait le temps ordinaire en vendant du tabac à chiquer. Je lui apportais parfois des rectangles de savon coton-Tchad. Un jour, le père de la famille, donc le fils de ma vieille amie, assis à côté de moi sur un tabouret et non loin de la mamie sur une natte en osier, se levait pour un besoin et se lâcha: «vous, les goranes et les Zaghawa, vous-là, si j’ai la force ou j’obtiens une puissance de nuisance, je vais vous écraser» et il dit cela en frottant si puissamment son talon contre le sol que sa pahpah ( ta***te en plastique) se vit les lanières se détacher.
Je lui répliquait: «papa vous n’aurez jamais cette occasion parce que vous semblez plus méchant et plus rancunier que ceux de votre haine. Faites attention à ce que vous dites et surtout à ce que vous mijotez de réaliser! Lorsque ceux que vous voulez les écraser prendront votre contrepied, ils auront raison de vous et vous enverront ad patatras à l’au-delà d’où vous irez éternellement dans les profondeurs de l’enfer. Vous êtes un homme de haine et les haineux seront toujours au fond de l’abîme.»
L’épouse du voisin qui écoutait notre conversation aux tournures rocambolesques lâcha une torve envers son mari tout en s’adressant à lui en leur patois. J’avais compris dans le ton qu’elle lui reprochait d’avoir tenu de tels propos haineux à l’ami de ses enfants.
A chaque fois que je rencontre ce vieil homme, je me souvenais de sa sortie haineuse. La haine le tient prisonnier et je ne saurai vous dire comment il va expier ses péché ancrés en son âme.
Cet exemple d’un père haineux qui se déchaînait par excès de confiance peut se multiplier par des milliers. Des nombreux pères de familles se délectent des préjugés sur des communautés et nourrissent leurs foyers de cette haine qui surgit en œillades d’un puits aquifère.
Regardons ce qui se dit quand il y a un conflit entre éleveurs et agriculteurs, ou entre deux communautés voisins! Toujours des hommes instruits, capables de prise de hauteur, se rabaissent dans la fange de la haine et racontent des conneries et des inepties qui appellent à la division et à la haine.
Malheureusement ils sont nombreux et des vrais «iron hand in the velvet gloves» (des mains en fer dans des gants en velours), c’est à dire des apparences trompeuses des personnes qui simulent les beaux discours mais qui bouillent de haine de l’intérieur.
C’est dans les causeries les plus banales et les plus puériles qu’on localise les vérités et les convictions les plus sincères mais tues par peur des représailles de la société. N’eut été ces représailles sociales qui détestent la haine entre les hommes, il y aura bien d’adultes irresponsables comme mon vieux voisin qui vont déblatérer à leur guise.
Certains intellectuels tchadiens, cette intelligentsia à la plume aux finalités genocidaires, distillent aussi leurs doses de haine et c’est au nom d’une victimisation sans cesse ressassée. On y voit dans leur posture, dans leur morgue, de l’immaturité et de l’inconscience. Ils sont malades, malades de leur haine emmagasinée et leurs préjugés accumulés.
Nous connaissons aussi des universitaires orgueilleux, prétentieux et haineux qui animent des conférences dans certains de nos centres et bibliothèques, en se montrant faussement rassembleurs mais qui se trahissent dans leurs tréfonds semés de haine et d’animosité. On dirait qu’ils ont emprunté la voie de l’intellect juste pour se venger. Se venger de quoi et de qui? Se venger de leur quérulence qui est un état psychologique de se croire qu’ils ne réussissent pas à cause d’un individu, d’un groupe d’individus ou à cause d’un clan ou d’une tribu ou d’un horizon quelconque du pays.
Les haineux se découvrent et se déversent: ils se retrouveront eux-mêmes dans le déversoir de tous les rebuts de la société. Ils seront toujours parmi les perdants. Le Dieu de l’Amour aura raison d’eux, eux les suppôts du satan car ils sont les promoteurs de la haine et ils ne sont rien que des perdants.
Dr Djiddi Ali Sougoudi