26/09/2025
Tu foye qw dans les affaires toi?
Alwihda Info
Abdelsalam Ismaïl
$🥷🏿Red hacker/back in with font in
We shall meet in streaming live?
TchadOne publie ici un vieux article du 14 juin 2021 du média d’investigation Africa Intelligence, passé inaperçu, qui révèle beaucoup de détails sur le parcours et la vie de Mahamat Kaka, complètement ignoré par les Tchadiens. TchadOne a également obtenu en exclusivité la photo du petit Mahamat Kaka à son arrivée à N’Djamena en 1995, venant de son village du Nord-Kanem :
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Enquête | 🇹🇩 | Qui est vraiment “Kaka” ? Les secrets du nouveau maître de N’Djamena
Un halo de mystère entoure la figure de Mahamat Idriss Déby, alias “Kaka”, fils d’Idriss Déby et nouvel homme fort du Tchad depuis le décès de son père le 20 avril. Largement diffusée dès son arrivée au pouvoir, sa biographie officielle est sujette à caution, qu’il s’agisse de son âge, de sa formation ou de ses principaux faits d’armes. Africa Intelligence est parvenu à reconstituer l’essentiel de la trajectoire du très secret président du Conseil militaire de transition et nouveau chef de l’Etat.
Le 27 avril, lors de sa première adresse à la nation, la voix était fluette, le phrasé hésitant et le regard fuyant. Debout sur le seuil du Palais rose – siège de la présidence –, sans prompteur, les yeux rivés sur un texte posé sur un pupitre en bois, Mahamat Idriss Déby dit “Kaka” s’est laborieusement acquitté d’un exercice inédit pour lui. Diffusé à la télévision nationale, le discours du jeune général, vêtu d’un treillis aux plis impeccables et coiffé d’un béret rouge serti de quatre étoiles, apparaissait néanmoins en cruel décalage : l’écho de sa voix peinant à couvrir le tumulte des manifestations meurtrières qui agitaient au même moment la capitale, N’Djamena.
Guère rompu à l’art oratoire et moins encore à celui du discours solennel, “Kaka” s’exprimait en réalité en différé. Son speech, méticuleusement préparé afin d’éviter tout faux pas, avait en effet été enregistré la veille. Le néophyte et son entourage savaient que la séquence allait faire le tour du monde, tout comme l’image de son visage juvénile, à peine vieilli par un bouc et une petite moustache soigneusement taillée.
La biographie officielle de Mahamat Idriss Déby, ou “MIDI”, relayée par les porte-parole du Conseil militaire de transition (CMT), est celle d’un officier brillant à l’ascension rapide et aux nombreux faits d’armes. Mais un examen attentif révèle de nombreuses entorses à la vérité, notamment sur l’âge du chef de la transition.
Tout indique que son CV a été retouché pour lui conférer la maturité nécessaire. La version officielle le dit né le 1er janvier 1984. Or, selon d’anciens camarades de l’école Montaigne, il avait 9 ou 10 ans en 1997-1998, ce qui situe sa naissance plutôt en 1987 ou 1988. En clair, il aurait été “vieilli” de trois ou quatre ans. Ce bricolage chronologique lui a permis d’accéder très tôt aux plus hauts grades : général de brigade en 2009, DG de la DGSSIE en 2014, général de corps d’armée en 2018 – à moins de 30 ans réels. Une ascension fulgurante qui suscita des rancunes jusque dans l’élite zaghawa.
Né dans un petit village près de Ziguey dans nord-kanem, de mère gorane, Mahamat Idriss Déby n’a pas grandi avec une compagne officielle du maréchal-président, mais avec sa grand-mère paternelle – d’où son surnom “Kaka”. Cette filiation mixte zaghawa/gorane reste une source de tensions avec ses demi-frères.
S’y ajoute une rumeur persistante : il serait plutôt fils de Hemchi Abdramane Bourdami, ancien compagnon d’armes d’Idriss Déby mort à Moundou en 1993 lors d’un échange de tirs avec des éléments CODO. Cette hypothèse, très répandue dans certains cercles, fragilise davantage la légitimité de Mahamat Kaka, même si elle reste invérifiable.
À l’école Montaigne de N’Djamena, Mahamat Idriss Déby a suivi son cursus complet, sans frasques notables. En revanche, son passage dans l’enseignement supérieur fut expéditif : un trimestre seulement en prépa littéraire au Lycée militaire d’Aix-en-Provence en 2005-2006. D’après les témoignages, son niveau scolaire était insuffisant, et Idriss Déby l’a rappelé pour le former militairement au pays. Ce court séjour invalide un élément clé de sa légende : sa prétendue participation à la bataille de N’Djamena contre le FUC en avril 2006. “En 2006, il n’a pas combattu”, tranche une source tchadienne haut-placée. La victoire de l’armée avait reposé sur les hélicoptères fournis par Griffon Aerospace.
En 2009, il est crédité d’un rôle dans la bataille d’Am-Dam contre les rebelles Erdimi, ce qui aurait scellé son ascension. Mais son engagement au Mali en 2013 reste controversé : chef de contingent pour certains, simple porte-parole pour d’autres. Des versions contradictoires circulent, y compris sur une supposée blessure au combat. En réalité, il fut surtout envoyé par son père pour se familiariser avec l’opération Serval aux côtés des Français. Il participa notamment à Aguelhok mais fut rappelé dès l’automne 2013, après des contestations dans les rangs tchadiens sur la solde. Malgré tout, cette expérience malienne lui permit d’être propulsé à la tête de la DGSSIE, pièce maîtresse de l’appareil sécuritaire.
Idriss Déby n’a jamais désigné clairement de dauphin, testant successivement Brahim, Zakaria, Mahamat, puis Abdelkrim. Brahim, l’aîné fêtard, s’est discrédité avant de mourir à Paris en 2007 dans un drame sordide. À la mort du maréchal en 2021, un relatif consensus imposa Mahamat Kaka. Mais les rivalités familiales n’ont pas disparu. Le pacte actuel entre Mahamat, Zakaria et Abdelkrim n’est qu’un équilibre précaire, menacé à mesure que les ambitions présidentielles s’affirment.
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Note TchadOne : selon nos informations, le tuteur de Mahamat Kaka durant ses années de collégien en France n’était pas l’ambassadeur ou l’attaché militaire, mais plutôt Abakar Manany, alors conseiller spécial à la présidence.