
08/01/2024
Monsieur le premier ministre, Dr Succès MASRA, vous avez raison de dire qu'il faut être deux pour faire la paix. Et nous nous interrogeons depuis la mort du président Deby, (et aujourd'hui avec vous) quel tchadien ne veut pas la réconciliation des tchadiens ?
Je m'adresse à vous en qualité de soldat de la GNNT, ID:21060980 et aussi en tant que ex porte-parole des armées du CCMSR. Nous avions rallié en février 2021 suite à une longue négociation directe avec le président Deby. Je prends en témoin le président de transition Mahamat Idriss Deby qui était présent à une de nos rencontres avec le Maréchal à Amdjeras.
Après plusieurs mois de négociations, nous avons mobilisé dans le plus grand risque, 850 combattants armes à la main, avec un nombre de 103 véhicules militaires équipés de toute sorte d'armes lourdes et légères. Le Fact et le CCMSR étaient très furieux de voir partir un nombre aussi important des combattants, équipements et matériels militaires. La tension était haute et le risque était extrême. C'est dans cette condition que nous avions pu regagner le pays. Le président du Fact avait tout fait pour nous convaincre de rester et de lancer l'offensive ensemble. Vu l'expérience de nos combattants et le nombre des matériels combinés à ceux du Fact, l'offensive serait plus importante. Mais notre conviction à nous n'était pas seulement de faire la guerre, mais plutôt le rétablissement de la souveraineté absolue, la réforme du caractère clanique de l'armée et la justice sociale. Et dans les paroles du défunt président Deby, nous avions vu cette volonté sincère. Je lui serais reconnaissant toute ma vie d'avoir été honnête et sincère.
Malheureusement, le temps lui a fait défaut pour aller au bout de sa volonté, dans son dernier mandat juré.
Après sa mort tragique, nous avons compris qu'on est dorénavant seul à poursuivre les termes du ralliement et l'entérinement de la réconciliation, malgré la parole répétée du général des armées Mahamat Idriss Deby.
Ce qui suscite notre mécontentement (objet même de cette publication) s'est qu'en notre nom, les hautes autorités de l'armée ont octroyé des grades aux leurs. Il était inconcevable pour ces autorités d'octroyer des grands aux autres tchadiens que les leurs. Nous avions épuisé toutes les voies de recours possibles auprès des deux premiers ministres sortant, le ministre sortant de la réconciliation et même du CEMGA. Ce dernier, pourtant garant des droits et devoirs de tous les militaires, a pris un visage tout autre vis-à-vis de nous. Finalement nous avons compris que le régime de la transition s'occupe uniquement de ses ralliés, qui, tous unis n'étaient à mesure de mobiliser des éléments et équipements comme nous avions ramené au compte de l'armée tchadienne.
Nonobstant notre mécontentement vis-à-vis du régime de la transition, nous sommes fiers d'avoir fait revenir nos camarades d'armes au bercail saints et sauves. Aujourd'hui, dans toutes les provinces du pays, vous allez trouver un de nos combattants, appelés par les militaires ''les ID 21". Toutes les compagnies, sous-groupements, groupements et secteurs de la GNNT se tiennent sur nos éléments. Même le commandement et autres services centraux sont comblés par nos éléments. Ça restera une grande fierté dans une grande déception.
Vous apprécierez fièrement la nature tchado-tchadienne de l'accord de Kinshasa, et bien nous, nous ne pouvons dire autant de l'accord tchado-tchadienne d'Amdjeras. Parce que ce qui a été fait par le président Deby est enterré avec lui. Le principe de la continuité de l'Etat et le respect des engagements de l'Etat ne s'appliquent à nous.
Nous espérons que la cinquième République puisse épargner les nouveaux ralliés des humiliations que nous avions subi aux centres de formation de Berdoba, de Mongo et de Moussoro.
Bonne chance à vous et vive la nouvelle République.
Signé Choukou Tahir