26/03/2025
TOGO : Quand l’injustice se muscle — “les gros bras” de l’impunité en action à Apessito
Etimi — Nous sommes fatigués.
Au Togo, la loi est claire : nul ne peut faire cesser des travaux de construction sans une décision judiciaire. L’article 37 du Code de l’urbanisme et l’article 6 du Décret n°2016-043/PR du 1ᵉʳ avril 2016 rappellent que seules les autorités municipales ou un juge via une ordonnance sont habilités à interrompre ou suspendre un chantier. L’exécution d’une telle ordonnance relève d’un huissier de justice, qui peut, si nécessaire, être accompagné par la police ou la gendarmerie.
Mais à Apessito, dans une scène digne d’un film de far-west, la loi semble avoir été remplacée par les muscles. Des “gros bras”, des hommes puissamment bâtis et souvent sans aucune qualité légale, sont désormais utilisés pour faire cesser des travaux — et cela, sans aucun acte de justice.
Le commissaire d’Apessito est au cœur de cette polémique. Selon plusieurs témoignages et des vidéos circulant sur les réseaux sociaux depuis une semaine, il serait doté d’une étrange dérogation lui permettant d’ordonner des interruptions de chantiers sans ordonnance ni arrêté municipal, tout en se faisant accompagner de groupes d’hommes musclés pour intimider, menacer, voire violenter les citoyens. Certains évoquent même des cas d’interpellations sans motif, de garde-à-vue arbitraire, dans une ambiance d’omnipotence illégale.
Est-ce là un excès de zèle ou une dérive institutionnalisée ? Si c’est pour “le bien de la population”, comme le murmurent certains, pourquoi les mêmes droits d’intervention ne sont-ils pas accordés à tous les commissariats ? Et surtout : depuis quand la force prime-t-elle sur le droit dans une République censée respecter les lois ?
Il est temps que le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Colonel Calixte Batossie Madjoulba, et le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Chefferie coutumière, Colonel Hodabalo Awaté, soient interpellés — et que le ministre de la Justice et de la Législation, Guy Mipamb Nahm-Tchougli, éclaire le peuple : peut-on désormais créer le droit dans un commissariat ? Peut-on légalement arrêter les citoyens sans motif ? Peut-on violer la légalité sous prétexte d’ordre ? 
Le silence des autorités face à cette dérive est inquiétant. Car aujourd’hui c’est Apessito… et demain ? Ce précédent met en péril les principes mêmes de l’État de droit.
Etimi. Nous sommes fatigués de cette justice à double vitesse. Fatigués de ces muscles qui parlent plus fort que la loi. Fatigués de cette république où la force supplante le droit.
La population attend des réponses. Et surtout, des actes.