
07/17/2025
Haïti : L’allégeance trouble entre la PNH et les chefs de gangs — le silence assourdissant de Normil Rameau
Port-au-Prince, juillet 2025 — Les images ont fait le tour des réseaux sociaux comme une gifle infligée à l’autorité républicaine : Jimmy Chérisier alias "Barbecue", Jeff "Gwo Loa", et Lanmò 100 jou, chefs de file du groupe armé "Viv Ansanm", ont quitté impunément leurs bastions criminels pour se rendre à S**o, dans le département du Centre, à l’occasion de la célébration de Notre-Dame du Mont Carmel, le 16 juillet.
Alors que ces hommes figurent officiellement sur la liste des individus les plus recherchés du pays, leur apparition publique, sans gêne ni crainte, soulève de lourdes questions. Comment expliquer une telle liberté de mouvement pour des figures aussi notoires, dans un pays quadrillé par des checkpoints, surveillé par des drones internationaux, et en théorie dirigé par une institution policière censée rétablir l’ordre ?
Au cœur de cette tempête, le directeur a.i. de la Police nationale d’Haïti, Normil Rameau, se retrouve au banc des accusés. S’agit-il d’un cas manifeste d’incompétence ? D’un aveuglement volontaire ? Ou pire, d’une connivence tacite entre certains hauts responsables de la sécurité et les chefs de gangs qui contrôlent aujourd’hui la capitale et bien au-delà ?
Depuis sa nomination, Rameau multiplie les déclarations fermes mais reste inerte face à la réalité du terrain. La présence non dissimulée de ces criminels à une cérémonie religieuse majeure, dans un lieu symbolique et en plein jour, sans aucune intervention des forces de l’ordre, frôle le scandale d’État. Elle donne l’impression d’un pouvoir abandonné, voire complice, face à la montée d’un régime parallèle armé.
La publication de vidéos par les intéressés eux-mêmes, dans lesquelles ils paradent comme des pèlerins ordinaires, renforce cette humiliation collective. Pour beaucoup, ce n’est plus la peur qui règne, mais le désespoir face à l’évidente mainmise des gangs sur le territoire national, sous le regard fuyant ou complice de ceux qui devraient protéger les citoyens.
Haïti sombre dans une ère d’incertitude où les lignes entre autorité et criminalité deviennent de plus en plus floues. Et tant que les responsables comme Normil Rameau éviteront de répondre clairement aux actes de défiance de ces bandes armées, le doute ne cessera de grandir : qui commande réellement dans ce pays ?