10/05/2025
Éditorial — Haïti : les puissances impérialistes se sont faites le diable qu’elles dénoncent
Par l’économiste Munson JEAN
Depuis plus de deux siècles, Haïti subit le poids écrasant d’un ordre mondial construit contre elle. La première République noire, née d’une révolution d’esclaves, dérange encore les héritiers de l’empire colonial. Ceux qui prétendent apporter la démocratie et le développement n’ont jamais cessé de nous humilier, d’intervenir, de manipuler, de détruire.
Les puissances impérialistes qui dominent Haïti se sont elles-mêmes comportées comme le diable. Elles ont pillé nos ressources, étouffé nos institutions, soutenu des régimes corrompus et des élites dociles. Pourtant, ce sont elles qui nous diabolisent. Cette inversion est le visage même du racisme structurel : le colonisateur déguisé en sauveur, le prédateur tr****ti en bienfaiteur.
Regardez leurs discours : ils parlent de « mission de stabilisation », de « gouvernance », de « réformes ». En réalité, ces mots masquent la continuité du contrôle. Derrière chaque prétendue aide se cache une corde invisible : celle de la dépendance économique et politique. Ils détruisent nos bases de production, puis nous reprochent d’être pauvres. Ils imposent leurs modèles, puis nous accusent d’échec. Ils sèment le chaos, puis se présentent comme les pompiers du feu qu’ils ont eux-mêmes allumé.
En tant que jeune Haïtien, conscient de cette supercherie, je condamne avec la plus grande fermeté cette entreprise de diabolisation et de domination. Haïti n’a pas besoin de charité hypocrite, mais de respect et de réparation.
Je lance un appel à ces nations dites civilisées : cessez de propager votre virus impérialiste. Si vous tenez à venir, venez non pas en conquérants, mais en porteurs de l’antivirus — celui de la vérité, de la justice et de la dignité humaine.
Haïti n’est pas maudite. Ce sont vos politiques qui l’ont martyrisée.
Et l’histoire, un jour, vous demandera des comptes.