24/10/2025
FILM. «La Petite dernière»
Réalisation et scénario : Hafsia Herzi. Acteurs principaux : Nadia Melliti, Ji-min Park, Amina Ben Mohamed, Rita Benmannana, Mélissa Guers. Directeur de la photo : Jérémie Att**d. Monteuse : Géraldine Mangenot. Ingénieur du son : Guilhem Domercq. Costumes : Caroline Spieth. Directrice de production : Rym Hachimi. Monteur son : Rémi Durel. Décors : Diéné Berete. Mixeurs : Julie Tribout, Jean-Paul Hurier. Durée : 1h46.
L’un des meilleurs films français de fiction de 2025, ce troisième long-métrage d’Hafsia Herzi en tant que réalisatrice - après Tu mérites un amour (2019) et Bonne Mère (2021) - est remarquablement interprété par l’ensemble des comédiens.
Dans le rôle (central) de Fatima, Nadia Melliti, dont c’est le premier rôle au cinéma, a reçu le Prix d’interprétation féminine au Festival international du film de Cannes.
« Tourné pratiquement en totalité à la caméra portée, à l’épaule », indique Herzi, le film brille par sa belle utilisation du gros plan. < J’adore les gros plans >, s’exclame la cinéaste.
Le film est une adaptation d’un roman de 192 pages publié en 2020 et écrit par Fatima Daas, dont c’était le premier roman. Très bien accueilli par la critique française, le livre a décroché le Prix du premier roman de notre confrère parisien Les Inrockuptibles et a été traduit en huit langues. Il a obtenu, notamment, le Prix Macondo, décerné par les lycées français d'Amérique du Sud. Le roman est, en fait, une « auto-fiction », autrement dit une forme d’autobiographie.
Née en 1995 dans une famille d'origine algérienne, en banlieue parisienne, où elle a grandi, Fatima Daas - c’est un pseudonyme - est titulaire d’un master de création littéraire obtenu à l'université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis.
Lesbienne et musulmane pratiquante
« Impactée et émue » par la lecture du livre, qui a été pour elle « un coup de cœur immédiat », Herzi reconnaît toutefois avoir adapté le roman d’une façon « très libre ». < Certains morceaux du livre, comme l’enfance, ne se retrouvent pas dans mon film, indique-t-elle. J’ai repris des éléments du récit, ici et là, en essayant d’éclairer les zones moins claires, plus intérieures. Par ailleurs, j’ai gardé tels quels une partie des personnages et j’en ai créés d’autres. >
Le film, qui, au Festival de Cannes, a décroché la Q***r Palm, décernée à des films en rapport avec l’homosexualité, raconte un an de la vie de Fatima, lesbienne de 17 ans et musulmane pratiquante, en région parisienne, d’abord lycéenne en classe de terminale, puis étudiante dans une faculté de philosophie.
< Fatima, commente Herzi, ressent de la culpabilité par rapport à sa religion, à sa famille et à elle-même. Je pense qu’elle ne s’aime pas vraiment. Elle n’assume pas ce qu’elles est. Elle est à la fois mal à l’aise avec son homosexualité et totalement désireuse de la vivre pleinement. Par ailleurs, elle a peur de blesser son entourage, de ne plus être aimée. Que tout change si son secret est révélé. >
Désemparée, Fatima ira demander conseil à la Grande Mosquée de Paris, où, de façon prévisible, on l’encouragera à renoncer à l’homosexualité et à s’orienter vers l’hétérosexualité. Mais la jeune femme ne semble pas vouloir renoncer à son désir pour les femmes, et le spectateur peut imaginer, après la fin du film, qu’elle deviendra bisexuelle.
LA RÉALISATRICE. D'origine tunisienne par son père et algérienne par sa mère, Hafsia Herzi, née en 1987 à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), a reçu, en tant qu’actrice de cinéma, le Prix Marcello-Mastroianni de la Mostra de Venise, le César du meilleur espoir féminin et le César de la meilleure actrice.
(SOURCE : "A2S, PARIS")